Scène |
• Dans la pandémie de Covid 19, les sportifs de compétition constituent, d’un point de vue épidémiologique, une population particulière en raison du risque environnemental élevé de transmission d’infections. En revanche, si vous contractez la maladie, il est essentiel de définir une période de récupération complète pour reprendre votre activité sportive.
• La myocardite virale asymptomatique non Covid est une cause reconnue de mort subite, notamment chez les individus de moins de 35 ans.
• Aux États-Unis et en Europe, les écoles universitaires proposant des activités sportives hautement compétitives ont développé des protocoles d’évaluation chez les individus récemment infectés par le Covid 19, avec des différences substantielles dans les stratégies proposées.
• Le moment de reprendre une activité sportive est un défi aux implications sociales profondes. Dans notre environnement, des sportifs de renom atteints du Covid 19 présentaient des indicateurs subcliniques d’atteinte cardiaque de signification incertaine, dans la plupart des cas avec une excellente évolution clinique.
• La place de l’imagerie par résonance magnétique cardiaque (IRM), dont la sensibilité dans le diagnostic de la myocardite est incontestable, n’est pas définie.
• En conclusion, il existe de nombreux aspects sur lesquels les preuves disponibles sont fragmentées et parfois controversées.
• Des recherches, des éditoriaux et des recommandations des Sociétés Scientifiques ont analysé la problématique du Covid 19 chez les sportifs, avec des considérations qui ne coïncident pas toujours.
Une communication récente ( Prevalence of Clinical and Subclinical Myocarditis in Competitive Athletes With recent SARS-CoV-2 Infection, JAMA Cardiol. 2021;6(9):1078-1087 ), qui analysait les problèmes posés par l’évaluation cardiologique chez les athlètes ayant des antécédents de Covid léger, constitue un point de départ intéressant pour l’analyse.
L’étude |
> Objectif
Il s’agit d’une étude observationnelle qui visait à étudier :
• Prévalence mondiale de la myocardite chez les athlètes de 13 universités récemment infectés par le Covid 19.
• Définir cette prévalence en appliquant différents critères diagnostiques de la myocardite.
• Estimer le rôle de l’IRM dans les myocardites présumées dues au Covid 19
> Population et conception
1 597 personnes ont été incluses pour lesquelles les informations suivantes étaient disponibles dans tous les cas :
• Symptômes (douleurs thoraciques, dyspnée, palpitations)
• ECG, écho-doppler, troponine (avec ou sans symptômes associés)
• IRM (avec ou sans symptômes ou autres critères d’atteinte cardiaque)
Dans le cas de l’IRM, les critères de Lake Louise (2018) ont été utilisés, considérant la coexistence d’altérations de la séquence en T1 et T2 dans les segments définis par l’American Heart Association comme un constat de myocardite.
Les données ont été regroupées en trois catégories :
• Myocardite clinique (symptômes avec/sans altération de l’ECG et/ou de l’échographie Doppler et/ou élévation de la troponine)
• Myocardite subclinique probable (altération de l’ECG et/ou de l’échographie Doppler et/ou élévation de la troponine)
• Myocardite subclinique possible (altération à l’IRM sans autres résultats
> Résultat
• 37 cas de myocardite ont été diagnostiqués avec une prévalence globale de 2,3% (0-7,6%) ; La prévalence par groupe était la suivante :
- Myocardite clinique : 9
- Myocardite subclinique probable : 8
- Myocardite subclinique possible : 20
- L’IRM a montré des altérations dans les 37 cas dans lesquels l’existence probable d’une myocardite a été conclue puisque c’était le critère adopté pour affirmer le diagnostic. Parmi eux, seuls 17 (46 %) présentaient des symptômes, des altérations de l’ECG, de l’échographie Doppler ou une élévation de la troponine.
- Sur le nombre total d’individus présentant des altérations de l’ECG, de l’échographie Doppler ou de la troponine (13), seulement 38 % (5) présentaient des symptômes associés.
- Parmi les 9 patients présentant des symptômes, 5 présentaient des altérations de l’ECG, de l’échographie Doppler ou de la troponine.
> Commentaire
• Bien qu’il s’agisse d’un protocole prospectif, il y avait sûrement certaines divergences dans la collecte et l’interprétation des données. En effet, la prévalence des myocardites, qui présente des différences marquées entre les différents centres universitaires, en est révélatrice.
• En ce qui concerne l’IRM, les auteurs soulignent les différences dans le matériel, les logiciels, les protocoles, la technique, l’expérience et l’interprétation de l’étude. Par exemple, il est frappant que le délai entre le diagnostic Covid et l’IRM soit variable, avec une large dispersion des valeurs ce qui limite les conclusions.
• Le diagnostic de myocardite par IRM était basé sur les critères de Lake Louise (2018).
Or, ce critère isolé en l’absence d’autres manifestations est-il validé avec un étalon-or ferme ? Plus important encore, quelle est la valeur pronostique de ce résultat ?
• Un nouveau critère diagnostique non validé par un étalon-or universellement accepté doit alors être analysé en termes pronostiques.
En ce sens, chez 27 des 37 individus avec un diagnostic de myocardite, une deuxième IRM était disponible, vérifiant la résolution complète des images en T2 et avec du gadolinium (40 %) et une résolution de 60 % en T2 mais pas du gadolinium. . Aucune conclusion ne peut évidemment être tirée de ces données.
Autrement dit, l’évaluation pronostique qui permettrait de valider le critère diagnostique est fragmentaire sans certitude de valeur statistique.
En pratique |
> Bilan cardiologique
La stratégie à adopter chez le sportif atteint de Covid 19 léger à la lumière des informations disponibles peut être résumée dans les conclusions suivantes :
• La prévalence des résultats de l’IRM comme seule donnée sans autres manifestations cliniques ou subcliniques est de 1,2% selon l’étude précitée. En l’absence d’information sur sa pertinence pronostique, il n’est pas justifié d’indiquer systématiquement l’IRM dans ces conditions chez tout sportif atteint de Covid léger.
• La recherche systématique de manifestations subcliniques (ECG, écho-Doppler, troponine, prévalence de 0,6 %), c’est-à-dire sans symptômes associés, ne repose pas sur une base solide ; C’est une stratégie peut-être justifiée chez les athlètes de très haut niveau bénéficiant d’une grande visibilité auprès du public. Il convient de noter que dans ces circonstances, les élévations de troponine comme seul résultat sont associées à un excellent résultat à long terme dans plusieurs enquêtes.
• Enfin, la présence de symptômes ( dyspnée, palpitations, douleurs thoraciques) justifie des études complémentaires pour clarifier la pathologie ; Même dans ces circonstances, la découverte de modifications minimes des tests cardiologiques a été associée à une excellente évolution clinique, rendant possible un retour rapide à la pratique habituelle.
> Reprise de l’activité
C’est une question éminemment technique qui concerne les sociétés sportives et les spécialistes.
En principe, une période d’adaptation de deux semaines avec une augmentation progressive de l’activité, suivie d’une charge de travail progressive, également de deux semaines, est la recommandation proposée par la majorité des Sociétés de spécialités. (Retour au sport et à l’exercice pendant la pandémie de COVID19. American College of Sports Medicine; Infographie. Conseils pour le retour au jeu graduel après une infection au COVID-19, Br J Sports Med octobre 2020 Vol 54 No 19 )