Thérapie combinée montélukast et lévocétirizine évaluée chez des patients asthmatiques et rhinites allergiques

Une étude en double aveugle évalue l’efficacité et l’innocuité d’une thérapie combinée de montélukast et de lévocétirizine chez des patients souffrant d’asthme et de rhinite allergique, mettant en lumière son rôle potentiel dans la gestion des affections respiratoires concomitantes.

Juillet 2022

La rhinite est une inflammation de la muqueuse nasale, accompagnée de symptômes tels que rhinorrhée, éternuements, démangeaisons, obstruction nasale et écoulement postnasal. La rhinite allergique, une réponse inflammatoire médiée par les immunoglobulines E provoquée par l’exposition à des allergènes, représente plus de la moitié de tous les cas de rhinite et est observée chez 10 à 50 % de la population mondiale.

L’asthme est un trouble inflammatoire chronique des voies respiratoires inférieures et sa prévalence varie entre 1 % et 18 %. La rhinite allergique et l’asthme étaient considérés respectivement comme des maladies distinctes des voies respiratoires supérieures et inférieures. Cependant, des recherches récentes ont montré que les maladies respiratoires allergiques ne se limitent pas à des zones telles que la cavité nasale ou les bronches, mais sont présentes dans tout le système respiratoire ; Ils se présentent sous la forme d’un large éventail de troubles cliniques, notamment la rhinite et l’asthme, qui sont étroitement liés les uns aux autres sur les plans épidémiologique, clinique et physiopathologique.

Le développement d’une maladie peut précéder l’autre, et les 2 maladies sont induites par les mêmes facteurs déclenchants. De cette façon, ils peuvent manifester des symptômes simultanément. Partant de ce concept, les directives thérapeutiques internationales recommandent aux médecins de vérifier la présence d’asthme chez les patients atteints de rhinite allergique, et vice versa, afin d’appliquer adéquatement une approche thérapeutique intégrée pour les 2 maladies.

De nombreux médiateurs, cytokines et facteurs de croissance produits par diverses cellules sont impliqués dans l’inflammation chronique observée dans la rhinite et l’asthme. Les cystéinylleucotriènes sont l’un des médiateurs responsables des maladies des voies respiratoires supérieures (rhinite) et inférieures (asthme). Ces médiateurs contribuent aux manifestations de l’asthme, notamment l’œdème des voies respiratoires, la contraction des muscles lisses et l’infiltration de cellules inflammatoires.

Le montélukast soulage efficacement les symptômes de l’asthme et améliore la fonction pulmonaire grâce à l’inhibition du récepteur des cystéinylleucotriènes. Il réduit également les symptômes nasaux diurnes et nocturnes (c’est-à-dire en phase tardive) chez les patients atteints de rhinite.

L’histamine est un médiateur important de la rhinite allergique grâce à la stimulation des récepteurs H1 des voies respiratoires supérieures. La lévocétirizine est un antihistaminique oral non sédatif largement utilisé pour soulager les symptômes de la phase précoce de la rhinite allergique, notamment les éternuements, les démangeaisons nasales et la rhinorrhée.

En théorie, l’efficacité du traitement des symptômes nasaux peut être améliorée grâce à une association de lévocétirizine et de montelukast. L’objectif de la présente étude était de comparer l’efficacité et l’innocuité d’une association à dose fixe (FDC) de montélukast (10 mg/jour) et de lévocétirizine (5 mg/jour) par rapport au montélukast en monothérapie (5 mg/jour) chez les sujets. avec rhinite allergique perannuelle et asthme léger à modéré.

> Conception de l’étude

Cette analyse était une étude de phase III multicentrique, randomisée, en double aveugle, menée dans 22 centres en République de Corée d’octobre 2014 à juillet 2015.  

Les participants ont reçu un médicament placebo la semaine précédant le début de l’étude, puis les schémas thérapeutiques susmentionnés. Il était indiqué de remplir une fiche quotidienne sur les symptômes de la rhinite pendant 5 semaines.

Les symptômes nasaux diurnes comprenaient la rhinorrhée, l’obstruction, les éternuements et les démangeaisons, chacun étant noté de 0 à 3 (0 = aucun ; 1 = léger ; 2 = modéré ; et 3 = sévère). Les symptômes nasaux nocturnes comprenaient une obstruction nasale à l’état de veille (0 = aucune ; 1 = légère ; 2 = modérée ; 3 = sévère), des difficultés à s’endormir (0 = aucune ; 1 = peu ; 2 = modérée ; 3 = sévère) et des réveils nocturnes ( 0 = pas du tout ; 1 = une fois ; 2 = plus d’une fois ; 3 = éveillé toute la nuit). Pour l’évaluation globale de la rhinite allergique, le système de notation a été utilisé : 0 = très amélioré, 1 = beaucoup amélioré, 2 = légèrement amélioré, 3 = aucun changement, 4 = légèrement pire, 5 = bien pire et 6 = bien pire. .

Le volume expiratoire forcé en 1 seconde (VEMS), la capacité vitale forcée (CVF) et le VEMS/CVF ont été mesurés par spirométrie. L’utilisation de médicaments de secours était interdite pendant au moins 6 heures avant la mesure. De plus, les sujets ont rempli le questionnaire Asthma Control Test (PCA). Un médicament de secours (120 mg de salbutamol en aérosol) a été administré si nécessaire. Les sujets ont enregistré sur leur journal le nombre de fois où ils ont utilisé des médicaments de secours.

Résultats

> Disposition des patients et caractéristiques de base

Sur les 333 sujets examinés, 228 ont été randomisés pour recevoir le traitement et 209 ont terminé l’étude. L’âge moyen était de 43,32 (15,02) ans, dont les deux tiers étaient des femmes (66,67 %). La durée moyenne de l’asthme était de 72,30 (86,77) mois, la majorité avec un asthme léger (84,29 %). Il n’y avait pas de différences statistiquement significatives dans les caractéristiques de base, sauf que la fréquence des médicaments de secours utilisés pendant la période de pré-traitement du placebo était significativement plus élevée dans le groupe montélukast/lévocétirizine que dans le groupe montélukast.

> Évaluation de l’efficacité

Rhinite allergique : le groupe montélukast/lévocétirizine a obtenu une amélioration statistiquement significative par rapport à la valeur initiale du score moyen des symptômes nasaux diurnes (PMSND) au cours de la période de traitement de 2 semaines par rapport au groupe montélukast. Il a également montré une amélioration statistiquement significative des éternuements par rapport au groupe montélukast seul, bien que la rhinorrhée, le prurit et l’obstruction nasale se soient légèrement améliorés. Les scores combinés des groupes ont également révélé une plus grande amélioration du PMSND, à l’exclusion de l’obstruction nasale. Cependant, il n’y avait pas de différence statistiquement significative entre les groupes de traitement en termes de score moyen des symptômes nasaux nocturnes (PMSNN) et de score composite moyen des symptômes (PCMS).

Asthme : la variation du VEMS entre le début et la fin de l’étude pour le groupe montélukast/lévocétirizine était similaire au résultat pour le groupe montélukast. La variation des scores FVC, FEV1/FVC et PCA par rapport à la valeur initiale était également similaire entre les 2 groupes. La fréquence quotidienne totale et moyenne d’utilisation de médicaments de secours était significativement plus élevée dans le groupe montélukast/lévocétirizine que dans le groupe montélukast.

> Évaluation de la sécurité

Aucune différence significative n’a été observée en termes d’événements indésirables survenus pendant le traitement (TEAE), d’effets indésirables des médicaments ou d’événements indésirables graves entre les groupes de traitement.

Discussion

L’objectif principal de l’étude était de montrer l’efficacité d’un FDC de montélukast et de lévocétirizine dans la rhinite allergique chez les patients asthmatiques. Le groupe montélukast/lévocétirizine a présenté une amélioration statistiquement significative du PMSND par rapport au groupe montélukast. De plus, l’étude a montré une amélioration numérique de tous les paramètres d’efficacité de la rhinite allergique, y compris chaque score de symptôme PMSND, ainsi que du score des éternuements et du PMSND, à l’exclusion de l’obstruction nasale.

Meltzer et coll. ont rapporté que l’administration concomitante de montélukast et de loratadine améliorait significativement les scores des symptômes nasaux diurnes, avec un profil d’innocuité comparable à celui du placebo ou de chaque agent seul. Ils ont conclu que cette association apporte des bénéfices cliniques contre la prévalence des maladies respiratoires, car les comorbidités sont fréquentes dans l’asthme et la rhinite allergique. De plus, Ciebiada et al. rapporté que l’association du montélukast et de la desloratadine ou de la lévocétirizine est plus efficace que la monothérapie pour la rhinite allergique persistante.

L’asthme est répandu chez 10 à 40 % des patients atteints de rhinite allergique, et environ 80 % des patients asthmatiques souffrent de rhinite allergique. De plus, la gravité de la rhinite est associée à la gravité de l’asthme coexistant. Plus précisément, la rhinite aggrave non seulement le pronostic de l’asthme, mais réduit également la qualité de vie du patient. La rhinite dans l’asthme peut également contribuer à des exacerbations et des rechutes plus fréquentes de l’asthme, ainsi qu’à des hospitalisations.

Dans la présente étude, les modifications des paramètres de la fonction pulmonaire et des scores PCA de base étaient similaires entre le groupe montélukast/lévocétirizine et le groupe montélukast. Cependant, la fréquence quotidienne totale et moyenne d’utilisation de médicaments de secours pendant la période de traitement était plus élevée dans le groupe montélukast/lévocétirizine. Ces différences entre les groupes ont été attribuées aux caractéristiques de base plutôt qu’aux effets du traitement.

Au cours de la période de rodage, la fréquence quotidienne moyenne d’utilisation de médicaments de secours était significativement plus élevée dans le groupe montélukast/lévocétirizine que dans le groupe montélukast. Cette différence aurait pu affecter les résultats. Les sujets ayant tendance à utiliser des médicaments de secours pendant la période précédant l’étude étaient plus susceptibles de continuer à les utiliser pendant la période de traitement.

Une limite potentielle de la présente étude est la courte durée de l’évaluation des symptômes de l’asthme (4 semaines). En général, la durée recommandée de l’évaluation dans les essais cliniques pour les médicaments témoins est d’au moins 6 mois.

Conclusions

Cette étude montre que, bien que le montélukast et la lévocétirizine soient des agents thérapeutiques largement utilisés, une plus grande amélioration des symptômes de la rhinite allergique se produit avec un FDC de montelukast et de lévocétirizine qu’avec le montelukast seul.

Le traitement combiné a été bien toléré et a démontré un profil d’innocuité acceptable, similaire à celui observé avec le montélukast. Par conséquent, le FDC du montélukast et de la lévocétirizine devrait fournir des résultats considérablement améliorés en matière de rhinite chez les patients souffrant de rhinite allergique et d’asthme.