Progrès dans le traitement des troubles non tumoraux des glandes salivaires

L’utilisation du sialendoscope et les nouvelles applications du Botox ont révolutionné l’approche thérapeutique des affections des glandes salivaires.

Février 2024
Progrès dans le traitement des troubles non tumoraux des glandes salivaires
Points forts

- Un ensemble diversifié d’étiologies peut conduire à une maladie des glandes salivaires isolée ou diffuse et en faire une consultation médicale courante.

-  Le manque d’intervention en cas d’inconfort salivaire peut entraîner une augmentation des caries dentaires, une bactériémie et éventuellement une maladie systémique.

 - Le diagnostic repose sur l’anamnèse clinique, l’examen physique et l’imagerie ou la sialendoscopie. Les patients doivent être orientés vers un oto-rhino-laryngologiste si l’on soupçonne un problème lié aux glandes salivaires réfractaire au traitement conservateur.

 - Historiquement, le traitement impliquait l’ablation chirurgicale de la glande, une opération qui compromettait intrinsèquement la fonction et comportait un risque de complications, telles qu’une lésion nerveuse et une sialocèle.

 - Les modèles de traitement actuels ont évolué vers des techniques de conservation, notamment grâce à l’utilisation de la sialendoscopie (endoscopie salivaire) et de l’injection de toxine botulique.

 

Introduction, historique, définitions et contexte

Les principales glandes salivaires comprennent les glandes parotides, sous-maxillaires et sublinguales. Il existe également des glandes salivaires mineures dispersées dans la cavité buccale.

La pathologie salivaire doit être incluse dans le diagnostic différentiel lorsqu’un patient présente une douleur ou une gêne périprandiale localisée au niveau de la tête et du cou (symptômes obstructifs classiques) ou des altérations de la sécrétion incluant une production excessive ou insuffisante de salive (respectivement salorrhée et xérostomie). . ).

L’évaluation commence par une anamnèse complète et un examen physique et peut nécessiter une imagerie supplémentaire. Les options de traitement, selon la cause, comprennent la prise en charge médicale ; résection des glandes; et, plus récemment, des méthodes mini-invasives telles que l’endoscopie et l’injection de toxine botulique A (Botox).

Cette mise à jour couvre un aperçu des pathologies des glandes salivaires, en mettant l’accent sur les avancées thérapeutiques récentes qui ont permis aux oto-rhino-laryngologistes de soulager les symptômes tout en préservant la fonction des glandes.

Le rôle des maladies salivaires dans la santé globale d’une personne

La maladie salivaire présente souvent au début des symptômes gênants, mais pas débilitants. Cependant, il est important de prendre en compte les conséquences possibles en aval et l’impact plus important sur la santé globale d’un patient atteint d’une maladie salivaire non traitée. L’inflammation et l’inconfort chroniques de la bouche peuvent entraîner des caries dentaires et une mauvaise alimentation en raison d’une diminution ou d’une altération de la salive.

Nature du problème

L’une des catégories les plus larges de maladies salivaires est la sialadénite , et il est utile de la considérer comme obstructive ou inflammatoire.

La pathologie obstructive est le plus souvent provoquée par la présence de sialolithes, ou calculs dans les glandes salivaires, par la présence d’une cicatrice ou par une sténose du système des canaux salivaires. Ces étiologies obstructives se présentent fréquemment sous la forme d’un inconfort périprandial ; cependant, ils peuvent aussi être indolores.

Les causes inflammatoires de la sialadénite provoquent souvent une maladie bilatérale et multiglandulaire, ce qui rend sa présentation unique par rapport aux processus obstructifs. Ces causes peuvent faire partie d’un processus métabolique ou auto-immun systémique plus large, comme dans le syndrome de Gougerot-Sjögren, ou être isolées au niveau des glandes salivaires, comme dans la parotidite juvénile récurrente.

D’autres affections salivaires incluent la sialadénose . Comme la sialadénite inflammatoire, la sialadénose est associée à des affections systémiques conduisant à une maladie bilatérale. Le gonflement et l’hypertrophie glandulaire caractéristiques de la sialadénose sont liés à des troubles qui affectent le métabolisme de l’organisme, tels que l’anorexie, la boulimie, l’alcoolisme et la cirrhose. Il se présente généralement avec des glandes parotides nettement hypertrophiées. Elle est parfois douloureuse mais ne modifie ni la quantité ni la qualité de la salive.

Observation, évaluation et évaluation

Pour les patients présentant des troubles salivaires, il est important d’obtenir des antécédents systémiques. Il est important de considérer le moment où les symptômes apparaissent par rapport à l’heure des repas. Les patients présentant une cause obstructive présentent souvent des douleurs périprandiales récurrentes, des ballonnements ou un inconfort. Les patients présentant une cause inflammatoire sont plus susceptibles de souffrir d’une maladie bilatérale, avec des glandes enflées ou des plaintes de bouche sèche.

Il est essentiel d’examiner les antécédents médicaux en mettant l’accent sur toute maladie auto-immune ou inflammatoire, ou sur toute exposition antérieure aux rayonnements. Le tabagisme, la consommation de caféine, le diabète, la goutte et la déshydratation chronique peuvent également augmenter le risque de développer une sialadénite obstructive ou inflammatoire.

L’examen physique doit inclure une évaluation oto-rhino-laryngologique de la tête et du cou. Après un historique complet et une prise en charge des inconforts salivaires, hydratation, sialagogues, compresses chaudes et massages sont initiés. S’il y a des signes d’infection, l’utilisation d’antibiotiques peut être nécessaire. Pour les patients chez lesquels le traitement conservateur échoue, un bilan complémentaire est indiqué.

Images

En cas de préoccupation concernant une masse ou une tumeur, une IRM est préférable pour caractériser ces lésions. Sinon, la tomodensitométrie est l’analyse privilégiée pour visualiser les calcifications, l’érosion osseuse ou les processus inflammatoires, y compris les abcès. L’échographie est adéquate pour détecter les masses, les lymphadénopathies, les calculs, les obstructions ou les dilatations, mais peut être insuffisante pour évaluer les processus qui affectent les parties plus profondes de la glande.

Options de traitement conservateur pour les symptômes salivaires

> Sialendoscopie

Cette procédure est diagnostique et thérapeutique dans certains cas. La sialendoscopie permet au médecin de visualiser directement la glande et d’intervenir par voie endoscopique pour éliminer les petits sialolithes (calculs salivaires), dilater les zones de sténose ou injecter des médicaments thérapeutiques, comme des stéroïdes ou du Botox.

Dans le scénario clinique approprié, la sialendoscopie peut être réalisée en cabinet sous anesthésie locale. Pour les patients atteints de maladies plus complexes ou qui ne supportent pas l’intervention en clinique, l’intervention est réalisée en salle d’opération sous anesthésie générale.

La lithotripsie décrit traditionnellement des ondes de choc extracorporelles pour fragmenter une pierre, mais de nouvelles techniques utilisent une approche hybride avec des lasers intracanalaires ciblés par sialendoscopie ou des dispositifs pneumatiques pour fragmenter le matériau, puis récupérer les morceaux à l’aide d’outils endoscopiques.

La sténose est la deuxième cause obstructive la plus fréquente. La sialendoscopie a permis de différencier les sténoses inflammatoires des sténoses fibreuses grâce à la visualisation directe des tissus, guidant ainsi le traitement.

La sténose inflammatoire est traitée par des irrigations de stéroïdes et de cortisone, souvent guidées par sialendoscopie. La sténose fibrotique implique du tissu cicatriciel dans le système canalaire et, bien qu’elle puisse être résolue par des injections de cortisone, elle nécessite souvent une instrumentation pour libérer l’obstruction. Lorsque la sténose n’est pas traitée rapidement, elle peut provoquer des dommages irréversibles à la glande.

> Botox

Elle est devenue un traitement efficace pour diverses affections salivaires et, comme la sialendoscopie, offre aux patients un traitement alternatif moins invasif et plus fonctionnel que les approches chirurgicales traditionnelles.

Il agit en bloquant temporairement la libération d’acétylcholine, inhibant ainsi la conduction du signal neuronal. La durée moyenne de l’effet est de 3 mois.

La sialadénose décrit l’hypertrophie du tissu acineux salivaire et le gonflement généralement indolore des glandes salivaires qui en résulte. Si cela est douloureux, on pense que cela est dû à une obstruction et à une stase. L’injection de Botox avec ou sans endoscopie salivaire supplémentaire, irrigation et dilatation peut contrôler ces symptômes.

Il a été démontré que l’injection de Botox améliore les sialocèles. Une sialocèle est définie comme une cavité contenant de la salive, résultant d’un traumatisme du réseau de canaux salivaires qui perturbe son écoulement normal et lui permet de s’accumuler. Ceci est causé par un traumatisme pénétrant ou de manière iatrogène par une chirurgie des glandes parotides ou sous-maxillaires. En injectant de la toxine botulique dans ces sacs et dans les tissus salivaires adjacents, la production de salive est réduite, permettant ainsi la fermeture des canaux collecteurs anormaux.

Le Botox s’est également révélé efficace dans le traitement de la salivation, une affection résultant d’un manque de coordination musculaire entraînant une accumulation des sécrétions buccales dans la bouche. Il est important de différencier la bave de la sialorrhée, condition dans laquelle la quantité et la qualité réelles de la salive sont altérées. La bave est souvent observée chez les patients présentant une déficience neurologique, où leur déglutition n’est pas coordonnée.

Complications du traitement

Historiquement, l’intervention chirurgicale était la norme en cas de sialadénite médicalement réfractaire et comportait un risque de fistules salivaires, de cicatrices hypertrophiques, d’infection, d’hématome, de sialocèle et de paresthésie cutanée. De plus, la chirurgie de la glande parotide comporte un risque de parésie faciale, qu’elle soit temporaire ou permanente.

L’ablation de la glande sous-maxillaire risque de blesser les nerfs marginaux mandibulaires, hypoglosses ou linguals. Avec l’endoscopie salivaire, le plus grand risque est la perforation des canaux salivaires, qui disparaît en 2 semaines. Le Botox est généralement considéré comme à faible risque lorsqu’il est utilisé selon les directives posologiques appropriées, et les effets indésirables sont rares et temporaires, y compris une dysphagie légère passagère.