Détection du virus de la variole du singe dans des prélèvements ano-rectaux effectués chez des hommes asymptomatiques ayant des rapports sexuels avec des hommes dans le cadre d’un programme de dépistage des infections sexuellement transmissibles à Paris, en France
Arrière-plan:
Une épidémie de virus de la variole du singe (MPXV) est apparue en mai 2022, affectant principalement les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH). Bien que la plupart des infections aient été caractérisées par des lésions cutanées, un rapport récent a décrit 3 hommes asymptomatiques sans lésions cutanées mais avec des résultats positifs au test de réaction en chaîne par polymérase (PCR) anorectale MPXV (1). Déterminer si l’infection par le MPXV peut être asymptomatique pourrait mieux éclairer la gestion de l’épidémie.
But :
Évaluer la présence de MPXV dans des échantillons ano-rectaux parmi des HARSAH asymptomatiques subissant des tests de routine pour les infections bactériennes sexuellement transmissibles (2).
Méthodes et résultats :
Nous avons effectué rétrospectivement des tests MPXV sur tous les écouvillons ano-rectaux collectés dans notre centre dans le cadre d’un programme de dépistage de Neisseria gonorrhoeae et de Chlamydia trachomatis. Selon les directives françaises, ce dépistage est réalisé tous les 3 mois chez les HSH ayant de multiples partenaires sexuels qui suivent une prophylaxie pré-exposition au VIH (PrEP) ou vivent avec le VIH et reçoivent un traitement antirétroviral. Les patients peuvent obtenir des échantillons d’urine et des prélèvements anaux à notre clinique ou dans un laboratoire privé.
Après l’identification du premier cas d’infection au MPXV en France le 19 mai 2022, le dépistage a été arrêté chez les patients présentant des lésions suspectes au MPXV (3). Nous rapportons des HARSAH asymptomatiques qui ont été testés négatifs pour N gonorrhoeae et C trachomatis dans les prélèvements anaux MPXV collectés au Service des Maladies Infectieuses et à la Clinique de Santé Sexuelle de l’Hôpital Bichat-Claude Bernard à Paris, France, du 5 juin au 11 juillet 2022. .
Tous les participants ont assisté à une visite à la clinique le jour du prélèvement dans le cadre du suivi de routine de la PrEP ou du traitement du VIH. Les participants ont donné leur consentement éclairé écrit pour que leurs données soient enregistrées dans Nadis, un dossier médical électronique conçu pour le suivi des personnes vivant avec le VIH ou recevant la PrEP pour le VIH, et pour l’utilisation de leurs données à des fins de recherche. Le comité d’examen local n’a pas exigé de consentement spécifique pour utiliser les échantillons biologiques de routine restants dans le contexte de l’épidémie de MPXV.
Parmi les 187 participants asymptomatiques dont le test était négatif pour le MPXV, 3 se sont présentés à notre clinique plus de 3 semaines après le premier prélèvement anal négatif au MPXV avec des symptômes évocateurs d’une infection au MPXV et ont été testés positifs .
Discussion:
Ce rapport documente les résultats positifs de la PCR MPXV à partir d’échantillons anaux chez des HARSAH asymptomatiques. On ne sait pas si cela indique une excrétion virale pouvant conduire à une transmission. Si tel est le cas, la pratique de la vaccination post-exposition auprès des personnes symptomatiques présentant une infection probable ou confirmée au MPXV pourrait ne pas suffire à contenir la propagation. Les récentes recommandations françaises conseillent la vaccination de tous les HSH ayant des partenaires multiples.
commentaires
Un bref rapport de recherche documente des résultats PCR positifs pour le virus de la variole du singe trouvé dans des écouvillons anaux prélevés sur des HSH (hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes) asymptomatiques. Ces résultats suggèrent que la vaccination limitée aux personnes ayant été exposées au virus de la variole du singe pourrait ne pas constituer une stratégie efficace pour prévenir l’infection. Le rapport est publié dans Annals of Internal Medicine .
Des chercheurs de l’hôpital Bichat-Claude Bernard de Paris, en France, ont effectué des tests rétrospectifs pour le virus de la variole du singe sur tous les écouvillons ano-rectaux collectés dans le cadre d’un programme de dépistage des infections sexuellement transmissibles. Selon les directives françaises, ce type de dépistage est réalisé tous les 3 mois chez les HSH ayant de multiples partenaires sexuels qui suivent une prophylaxie pré-exposition au VIH (PrEP) ou qui vivent avec le VIH et reçoivent un traitement antirétroviral.
Sur les 200 individus asymptomatiques testés négatifs pour N. gonorrhoeae et C. trachomatis, 13 (6,5 %) échantillons se sont révélés positifs par PCR pour le virus de la variole du singe. Deux des 13 ont développé plus tard des symptômes de variole du singe.
On ne sait pas si une infection asymptomatique jouera ou non un rôle dans la transmission du virus de la variole du singe. Mais l’épidémie mondiale actuelle de variole du singe et le mode de transmission de personne à personne peuvent fournir la preuve qu’une propagation asymptomatique ou préclinique peut se produire. L’auteur d’un éditorial d’accompagnement suggère que le rôle d’une stratégie élargie de vaccination en anneau et d’autres interventions de santé publique dans les communautés à plus haut risque est probablement nécessaire pour aider à contrôler l’épidémie.