Résumé Une étude portant sur plus de 200 000 adultes souffrant d’hypertension et d’un facteur de risque d’aldostéronisme primaire révèle que moins de 4 % sont généralement dépistés, souvent après que des complications cardiovasculaires et rénales se soient déjà produites. |
L’aldostéronisme primaire (AP) est la principale cause d’hypertension endocrinienne, avec une prévalence estimée à au moins 10 % parmi les patients hypertendus, et à plus de 20 % des cas d’hypertension résistante. L’aldostéronisme primaire (AP) augmente le risque de morbidité et de mortalité rénales et cardiovasculaires par des atteintes directes aux organes cibles, indépendamment de l’hypertension.
Une activation inappropriée des récepteurs minéralocorticoïdes entraîne une fibrose myocardique, un dysfonctionnement endothélial et une microalbuminurie. Un diagnostic rapide de la PA et un traitement ciblé par surrénalectomie unilatérale ou par des antagonistes des récepteurs minéralocorticoïdes peuvent atténuer le risque cardiovasculaire et rénal excessif.
Les lignes directrices des experts recommandent le dépistage de l’AP chez les patients souffrant d’hypertension résistante, d’hypertension et d’hypokaliémie, ainsi que chez ceux souffrant d’hypertension précoce. De plus, les directives de l’Endocrine Society recommandent le dépistage de l’AP chez les patients souffrant d’hypertension et d’apnée obstructive du sommeil (AOS) ou de masse surrénalienne.
Cependant, l’AP reste largement sous-estimée. Au sein de la Veterans Health Administration des États-Unis et dans certains établissements universitaires, le dépistage de l’AP n’a été signalé que chez environ 3 % des patients souffrant d’hypertension résistante. La sous-estimation de la prévalence de l’AP, la logistique complexe des tests et le manque de familiarité avec l’interprétation des résultats ont été attribués au sous-diagnostic de l’AP.
Les données comparant le dépistage de l’AP parmi les populations à risque sont minimes. Plusieurs indications de dépistage de la PA, notamment l’hypertension résistante, l’AOS et les masses surrénales, sont courantes parmi la tranche d’âge la plus touchée par la PA. Cependant, on ne sait pas si la détection de l’AP est plus fréquente chez les patients présentant plusieurs facteurs de risque.
Pour mieux comprendre les lacunes dans la reconnaissance de l’AP, nous avons cherché à comparer les modèles de détection dans toutes les principales indications, seules ou en combinaison, dans un grand centre de référence tertiaire doté d’une expertise surrénalienne reconnue à l’échelle nationale.
Arrière-plan
L’aldostéronisme primaire (AF) est une cause courante mais sous-reconnue d’hypertension secondaire. Il manque des données comparant directement les taux de dépistage entre des indications uniques et des indications superposées.
Méthodes et résultats
Nous avons mené une revue rétrospective d’adultes souffrant d’hypertension vus dans des cliniques externes d’un centre universitaire de référence tertiaire entre le 1er janvier 2017 et le 30 juin 2020.
Les patients souffrant d’hypertension et d’au moins un des éléments suivants ont été inclus : hypertension résistante ; âge <35 ans ; apnée obstructive du sommeil; hypokaliémie; ou une masse surrénalienne. Les patients présentant une insuffisance surrénalienne, une maladie rénale grave ou une insuffisance cardiaque et une hypertension rénovasculaire ont été exclus. Sur 203 535 patients souffrant d’hypertension, 86 044 (42,3 %) répondaient à au moins un critère de dépistage de l’AF, et parmi eux, 2 898 (3,4 %) ont été dépistés pour l’AF.
Le dépistage a eu lieu chez 2,7 % des patients souffrant d’hypertension résistante ; 4,2 % des personnes souffrant d’apnée obstructive du sommeil ; 5,1% des <35 ans ; 10,0 % des personnes souffrant d’hypokaliémie ; et 47,3 % des patients présentant une masse surrénalienne.
Les taux de dépistage étaient plus élevés chez les patients présentant de multiples facteurs de risque : 16,8 % pour ≥3, 5,7 % pour 2 et 2,5 % pour 1 critère.
La régression logistique multiple a montré que les chances de dépistage de l’AF étaient plus élevées chez les patients souffrant d’hypokaliémie : rapport de cotes (IC à 95 %) : 3,0 (2,7–3,3) ; femmes : 1,3 (1,2-1,4) ; Noir contre blanc : 1,5 (1,4-1,7) ; ceux souffrant d’apnée obstructive du sommeil, de maladie rénale chronique, d’accident vasculaire cérébral et de dyslipidémie.
Conclusions
La prise en compte d’un hyperaldostéronisme primaire survient chez un petit sous-ensemble de patients à risque, et généralement après l’apparition de comorbidités.
Point de vue clinique Quoi de neuf? Les taux et les modèles de dépistage de l’aldostéronisme primaire (AP) ont été comparés dans des populations à risque dans un vaste cadre universitaire ambulatoire. Nous avons constaté que même si les patients souffrant d’hypertension résistante et ceux souffrant d’hypertension et d’apnée obstructive du sommeil constituent les groupes à risque les plus importants, ils ont les taux de détection d’AP les plus faibles. Le dépistage de l’AP est effectué plus fréquemment chez les femmes, les patients noirs, ceux souffrant d’hypertension et d’hypokaliémie ou de nodules surrénaliens, et ceux présentant de multiples facteurs de risque d’AP. Quelles sont les implications cliniques ? Parmi les patients souffrant d’hypertension et d’au moins un facteur de risque d’AP, seuls 3,4 % sont évalués pour l’AP. La détection de la PA est déclenchée plus fréquemment chez les patients présentant de multiples facteurs de risque et après la survenue de complications cardiovasculaires et rénales. Les efforts visant à encourager la détection de l’AP par les cliniciens à l’avant-garde de la gestion de l’hypertension sont essentiels à la médecine préventive. |
En résumé , dans cette étude portant sur plus de 200 000 patients souffrant d’hypertension, nous avons comparé les taux de dépistage de l’AP dans diverses indications soutenues par les directives d’experts internationaux. Nous avons constaté que les patients souffrant d’hypertension résistante et ceux souffrant d’hypertension et de SAOS représentent les groupes à risque les plus importants , mais qu’ils sont rarement dépistés pour la PA. En revanche, les patients présentant des nodules surrénaliens et ceux présentant 3 facteurs de risque ou plus d’AF se voient proposer un dépistage plus fréquemment.
Nos données suggèrent que le dépistage de l’AP est déclenché plus fréquemment chez les patients présentant de multiples facteurs de risque et après la survenue de complications cardiovasculaires et rénales. Pour prévenir de telles complications, les efforts visant à encourager le dépistage de l’AP parmi les internistes et les médecins de premier recours, qui sont à l’avant-garde du traitement de l’hypertension, sont essentiels.