La criminalisation des hommes homosexuels apparaît comme un indicateur clé du VIH

Des recherches approfondies couvrant 10 pays et impliquant plus de 8 000 participants identifient la criminalisation des hommes homosexuels comme un facteur critique contribuant à la transmission du VIH.

Septembre 2023

Associations entre les politiques punitives et les obstacles juridiques aux actes sexuels consensuels entre personnes de même sexe et le VIH chez les hommes homosexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes en Afrique subsaharienne : une enquête par sondage multi-pays menée par les répondants

Arrière-plan

Il y a eu peu d’évaluations des associations entre les facteurs structurels et le VIH chez les hommes homosexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), en particulier en Afrique subsaharienne.

Notre objectif était d’examiner les antécédents de dépistage du VIH, le statut sérologique et la stigmatisation parmi les HSH vivant dans dix pays aux environnements juridiques hétérogènes.

Méthodes

Cette étude a utilisé les données regroupées de dix études transversales spécifiques à chaque pays menées sur 25 sites au Burkina Faso, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, en Gambie, en Guinée-Bissau, au Nigeria, au Sénégal, en Eswatini, au Rwanda et au Togo.

Les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) ont été recrutés par échantillonnage dirigé par les répondants et étaient éligibles s’ils répondaient aux exigences spécifiques du pays en matière d’âge, de zone de résidence et d’auto-déclaration selon laquelle on leur avait attribué un sexe masculin à la naissance. et a eu des relations sexuelles anales avec un homme au cours des 12 derniers mois.

La politique relative aux comportements sexuels homosexuels dans chaque pays a été classée comme non criminalisée ou criminalisée . Les pays ont également été classés sur la base de rapports récents faisant état de poursuites impliquant des actes sexuels entre personnes de même sexe.

Les obstacles juridiques ont été définis comme ceux qui empêchaient légalement l’enregistrement ou le fonctionnement des organisations de la société civile (OSC) liées à l’orientation sexuelle. Les données individuelles sur les antécédents de dépistage du VIH, le statut VIH et la stigmatisation ont été collectées au moyen de questionnaires sociocomportementaux administrés par les enquêteurs et du dépistage du VIH.

Une régression logistique multiniveau avec des interceptions aléatoires a été utilisée pour évaluer l’association entre les politiques, les poursuites récentes, les obstacles juridiques aux OSC et les facteurs liés au VIH avec des rapports de cotes ajustés (aOR) et des IC à 95 %.

Résultats

Entre le 3 août 2011 et le 27 mai 2020, nous avons recruté 8 047 HSH avec un âge médian de 23 ans (IQR 21-27). 4 886 (60,7 %) vivaient dans des pays qui criminalisent les actes sexuels entre personnes de même sexe.

La prévalence du VIH parmi les HSH était plus élevée dans les contextes criminalisés que dans les contextes non criminalisés (aOR 5,15, IC à 95 % 1,12-23,57) ; plus élevé dans les environnements avec traitement récent que dans les environnements sans traitement (12·06, 7·19-20·25) ; et plus élevé dans les environnements avec barrières CSO que sans barrières CSO (9·83, 2·00–48·30).

Le dépistage du VIH ou la sensibilisation de l’État n’étaient pas associés à des politiques ou pratiques punitives. La stigmatisation était associée au statut VIH, mais ne variait pas de manière constante selon les contextes juridiques.

Les disparités de prévalence du VIH entre HSH et autres hommes adultes étaient les plus élevées dans les environnements punitifs.

Interprétation

Les risques structurels, notamment les politiques discriminatoires au niveau national, les poursuites et les obstacles juridiques, pourraient contribuer à une prévalence plus élevée du VIH parmi les HSH. Ensemble, ces données soulignent l’importance de la décriminalisation et d’une application réduite, ainsi que de la réduction de la stigmatisation , comme étant essentiels à une lutte efficace contre le VIH.

Dans cette étude, en Afrique subsaharienne, les politiques punitives, les pratiques d’application et les barrières juridiques étaient associées à une prévalence plus élevée du VIH parmi les HSH. Ces résultats fournissent des données empiriques individuelles montrant comment les risques structurels et les politiques discriminatoires peuvent contribuer à la prévalence du VIH parmi les HSH en Afrique subsaharienne.

Les résultats de cette étude mettent en évidence l’effet potentiel d’une diminution de l’application des lois ou de la décriminalisation pour optimiser les efforts de prévention et de traitement du VIH. Cependant, cette étude a également souligné la complexité de la stigmatisation affectant les HSH, suggérant qu’une réforme politique à elle seule n’éliminera pas la stigmatisation, mais que des interventions abordant les facteurs sociaux et culturels pourraient contribuer à une réduction globale de la stigmatisation. stigmate.

Valeur ajoutée de cette étude

Cette étude utilise des données sociocomportementales et biologiques au niveau individuel provenant de 8 047 HSH de dix pays d’Afrique subsaharienne pour comprendre les relations entre les politiques au niveau national, les poursuites et les obstacles juridiques au dépistage du VIH, à la prévalence et à la connaissance du statut parmi les HSH.

Nos résultats suggèrent que les HSH vivant dans des pays qui criminalisent et appliquent des politiques discriminatoires autour des relations homosexuelles sont ceux qui portent le plus lourd fardeau du VIH. Les HSH vivant dans des pays qui ont récemment fait l’objet de poursuites liées à des actes sexuels homosexuels ont toujours une prévalence du VIH élevée par rapport aux pays sans poursuites récentes. En outre, la présence d’obstacles juridiques à l’enregistrement et au fonctionnement des organisations de la société civile était associée à une prévalence plus élevée du VIH.

Implications de toutes les preuves disponibles

Cette étude contribue aux preuves existantes sur la compréhension du rôle des politiques néfastes, telles que la criminalisation, sur le VIH chez les HSH. Les données individuelles provenant des pays d’Afrique subsaharienne ont montré que les risques structurels, notamment les politiques discriminatoires au niveau national, les récentes affaires judiciaires et les obstacles juridiques, peuvent contribuer à une prévalence plus élevée du VIH parmi les HSH. Ces résultats prouvent que la décriminalisation des relations homosexuelles, ainsi que la diminution de l’application de politiques criminalisantes, sont essentielles à un contrôle efficace du VIH.

Financement : National Institutes of Health.