Arrière-plan
L’utilisation d’anesthésiques locaux (AL) avec des agents vasoconstricteurs (CV) - principalement de l’épinéphrine - chez les patients ayant des antécédents connus d’hypertension artérielle et/ou les patients atteints de maladie coronarienne, est controversée. La raison en est le profil adrénergique de l’épinéphrine . Même si une cartouche LA au 1/100 000 d’épinéphrine correspond à une dose de 0,018 mg d’épinéphrine, très faible par rapport à celles administrées en cas d’anaphylaxie ou d’infarctus (0,5 à 1 mg), le doute demeure dans le traitement des patients à risque cardiovasculaire.
L’épinéphrine offre de nombreux avantages, tels que la réduction de la toxicité, l’augmentation de l’effet anesthésique et l’amélioration de l’hémostase, constituant ainsi un outil utile pour contrôler les saignements peropératoires. Cependant, il faut tenir compte du fait que cet effet hémostatique a été associé à un retard dans la cicatrisation des plaies, à un risque accru d’infection et à la détermination d’effets nocifs sur les lambeaux de tissus mous, en raison d’une diminution du flux sanguin. .
Les maladies coronariennes et l’hypertension artérielle sont des problèmes de santé très répandus dans le monde, cette dernière étant l’une des pathologies les plus fréquentes chez les patients qui fréquentent les cliniques dentaires.
Les anesthésiques locaux (AL) avec des agents vasoconstricteurs (VC) sont connus pour être couramment utilisés dans la pratique dentaire. Pour les raisons mentionnées ci-dessus, les dentistes doivent savoir s’adapter et traiter les patients présentant ces conditions dangereuses.
But
L’objectif de cette étude était de savoir si l’utilisation d’anesthésiques locaux (AL) en association avec des agents vasoconstricteurs (VC) dans le traitement dentaire présente un risque chez les patients ayant des antécédents connus d’hypertension artérielle et/ou de maladie coronarienne.
Matériels et méthodes
Cette revue systématique a été réalisée conformément aux lignes directrices PRISMA et enregistrée dans la base de données PROSPERO (CRD42020187369). La stratégie de recherche était basée sur les termes Mesh, l’opérateur booléen AND et le modèle PICO.
L’étude a été conçue pour identifier tous les essais cliniques randomisés (ECR) publiés au cours des 30 dernières années, qui évaluaient si l’utilisation de l’AL avec des agents VC dans le traitement dentaire produisait une augmentation/diminution significative de l’hémodynamique chez les patients ayant des antécédents connus d’hypertension et /ou une maladie coronarienne. L’outil de collaboration Cochrane a été utilisé pour évaluer le risque de biais des ECR inclus.
Résultats
Une première recherche électronique a abouti à 87 articles ; cependant, seuls 9 ECR répondaient aux critères d’inclusion. Il y avait un total de 482 sujets (N = 482), parmi lesquels 412 avaient des antécédents connus d’hypertension ou de maladie coronarienne.
Conclusion
Selon la littérature examinée, l’épinéphrine est l’agent VC le plus utilisé en traitement dentaire. L’utilisation de 1 à 2 cartouches de LA avec 1:80 000, 1:100 000 ou 1:200 000 d’épinéphrine chez les patients souffrant d’hypertension artérielle et/ou de maladie coronarienne contrôlée est sans danger.
Cependant, tous les ECR examinés incluaient uniquement des patients contrôlés, ce qui ne permet pas d’appliquer cette conclusion aux patients souffrant d’hypertension et/ou de maladie coronarienne mal contrôlée ou aux patients souffrant de maladies cardiovasculaires graves.
Des essais cliniques randomisés présentant un faible risque de biais sont nécessaires pour déterminer l’innocuité ou le profil de risque de l’utilisation de l’AL avec des agents VC chez les patients présentant une maladie coronarienne et hypertensive mal contrôlée.