L’hypertension est le facteur de risque modifiable le plus important de morbidité et de mortalité dans le monde.
Les changements de mode de vie sont la pierre angulaire de la prévention et du traitement, et les gouvernements et l’industrie jouent un rôle déterminant dans le soutien et la mise en œuvre de ces modifications. De plus, les changements de mode de vie peuvent non seulement réduire et contrôler la tension artérielle (TA), mais également améliorer la santé cardiovasculaire et générale.
Il est important de noter que des interventions bien connues liées au mode de vie, telles que le changement de régime alimentaire, la modération de l’alcool, l’arrêt du tabac et l’exercice aérobique, ont désormais été étendues à des stratégies moins évidentes telles que la réduction du stress, l’exercice isométrique et la réduction de l’exposition à la pollution.
Bien que les changements de mode de vie soient efficaces, ils restent difficiles à mettre en œuvre et à maintenir à long terme car de nombreuses personnes vivent dans des environnements peu propices. De plus, les médecins sont souvent mal formés pour aider les patients à adopter des comportements sains.
Dans le présent article, les auteurs examinent les preuves mises à jour soutenant l’utilisation d’interventions sur le mode de vie chez les patients souffrant d’hypertension artérielle ou chez les personnes à risque de la développer.
Recommandation générale |
Des objectifs de style de vie (résumés dans la figure 1) sont recommandés pour prévenir ou retarder l’apparition d’une tension artérielle élevée et réduire le risque de maladie cardiovasculaire. Les modifications du mode de vie doivent constituer la première intention du traitement antihypertenseur dans l’hypertension de grade 1. Cependant, si ces seuls changements ne permettent pas de contrôler la pression artérielle, les auteurs suggèrent une combinaison de modifications du mode de vie et de médicaments antihypertenseurs, puisque les premiers améliorent l’effet du traitement pharmacologique.
FIGURE 1 . Changements de mode de vie. En vert figurent les changements qui devraient être encouragés, augmentés et respectés, par exemple la consommation de fibres alimentaires, l’amélioration des habitudes de sommeil, l’augmentation de l’exercice et l’adoption de stratégies de pleine conscience. En rouge figurent les changements pour réduire ou éviter, par exemple, la consommation de tabac et d’alcool, la sédentarité, la consommation de sucres raffinés et l’exposition au sel et à la pollution.
Le contrôle du poids |
Recommandations : |
1. La perte de poids doit être intégrée à la vie quotidienne, c’est-à-dire augmenter l’exercice occasionnel, marcher ou faire plus de vélo, ou faire du sport régulièrement, rester assis moins d’heures, etc. 2. L’accent devrait être mis sur les programmes d’intervention précoce et d’éducation sanitaire pour maintenir un poids santé tout au long de la vie. 3. Pour les personnes souffrant d’hypertension, une perte de poids modeste pouvant être maintenue sur une longue période ainsi qu’une réduction de l’apport calorique sont recommandées. 4. Les interventions de perte de poids doivent être basées sur des stratégies cognitivo-comportementales (par exemple, une formation à la sensibilisation à l’appétit, une stratégie d’autogestion dans laquelle les individus apprennent à identifier les signaux internes de faim et de satiété modérées et à utiliser ces signaux pour guider leur comportement alimentaire). 5. L’obésité abdominale doit être contrôlée. Des seuils spécifiques à l’origine ethnique pour l’indice de masse corporelle et le tour de taille doivent être utilisés. 6. Le type de programme de perte de poids choisi doit être adapté en tenant compte du poids initial individuel, de l’âge, du sexe, des comorbidités et du contexte situationnel avec l’accompagnement d’un nutritionniste. 7. L’utilisation d’approches innovantes basées sur des technologies de changement de comportement (par exemple, applications, messages texte) est encouragée pour toutes les personnes en surpoids ou obèses. |
Activité physique |
Recommandations : |
1. Tout le monde devrait être encouragé à pratiquer une activité physique pour prévenir ou contrôler l’hypertension et les maladies cardiovasculaires. 2. L’accent doit être mis sur les programmes d’intervention précoce (dès l’enfance) et d’éducation sanitaire pour maintenir l’activité physique tout au long de la vie. 3. Les exercices de résistance aérobie et dynamique, ou leurs combinaisons, peuvent être utilisés dans la prévention et le traitement de l’hypertension et des maladies cardiovasculaires. 4. Les adultes devraient faire 150 à 300 minutes d’exercice d’intensité modérée ou 75 à 150 minutes d’exercice vigoureux, ou une combinaison équivalente, par semaine. 5. Le type d’activité/exercice choisi doit être adapté individuellement, en tenant compte de l’état physique initial, des comorbidités, du traitement pharmacologique, du contexte situationnel et être de nature progressive (c’est-à-dire commencer lentement et augmenter progressivement la quantité/l’intensité de l’activité). |
Alimentation générale |
A-Sal
Recommandation: |
1. Apport de moins de 2 g de sodium (-5 g de sel ou une cuillère à café) par jour. |
B-Potassium
Recommandations : |
1. L’Administration européenne de sécurité des aliments et l’OMS recommandent un apport en potassium supérieur à 3,5 g par jour pour les adultes, tandis que les Académies National Science and Medicine recommande un apport supérieur à 4,7 g par jour pour les adultes. 2. Il est nécessaire de prendre en compte les besoins alimentaires et nutritionnels individuels en raison de la composition corporelle plus faible entre les sexes et des plus grandes différences de masse corporelle au sein et entre les populations. |
Sucre C
Recommandation: |
1. Réduisez ou limitez votre consommation de sucre, tant sous forme brute que dans les aliments transformés, les boissons et les sucreries. |
Fibre D
Recommandation: |
1. Un apport en fibres de 25 à 29 g/jour conférait la plus grande réduction de risque, mais les données dose-réponse suggéraient qu’un apport supérieur à 30 g/jour conférait des avantages supplémentaires. |
E-Alcool
Recommandations : |
1. La consommation d’alcool doit être nulle pour obtenir de meilleurs résultats cardiovasculaires. Cependant, la limite quotidienne maximale recommandée de consommation d’alcool est de deux verres standard pour les hommes et d’un verre pour les femmes (10 g d’alcool/boisson standard), bien qu’il soit reconnu qu’il n’existe pas de limite sûre de consommation d’alcool pour prévenir l’hypertension. et des conséquences cardiovasculaires indésirables. 2. La consommation excessive d’alcool doit être évitée. |
F. Boissons non alcoolisées
Recommandations : |
1. Une consommation régulière et modérée de café (trois à quatre tasses par jour) n’a pas d’effet négatif sur la tension artérielle ou sur le système cardiovasculaire et peut être modérément bénéfique. 2. L’ajout de boissons riches en nitrates, comme le jus de betterave, le jus de grenade et le cacao, peut être envisagé. |
jeûne intermittent |
Recommandations : |
1. Le jeûne intermittent avec restriction calorique peut être bénéfique pour perdre du poids et abaisser la tension artérielle, mais il n’est pas supérieur à un régime général restreint en calories. Par conséquent, le recours au jeûne intermittent doit dépendre des préférences du patient et d’autres considérations. 2. Le jeûne, même pendant le Ramadan ou le Carême, est généralement sans danger dans les populations à risque faible à modéré. |
Réduction du stress |
Recommandations : |
1. Pratiquez des techniques de réduction du stress au moins 3 heures par semaine pour réduire le stress mental et la tension artérielle. 2. Vous pouvez également pratiquer des activités telles que le yoga, la méditation ou le tai-chi pendant au moins 45 minutes par jour. 3. Écoutez de la musique une fois par jour à trois fois par semaine pendant au moins 25 minutes. |
Dormir |
Recommandations : |
1. La gestion du poids doit être envisagée pour améliorer la qualité du sommeil et le traitement des troubles du sommeil (notamment l’AOS). 2. L’hygiène du sommeil doit être abordée et mise en œuvre régulièrement. Une durée de sommeil de 7 à 9 heures par nuit est recommandée pour les adultes. 3. Les approches d’hygiène du sommeil comprennent un environnement de sommeil approprié, des horaires de sommeil réguliers, une routine de sommeil pour se préparer au sommeil, l’évitement de la nourriture, de la caféine, de l’alcool et des cigarettes à l’heure du coucher et la nuit. exposition à une lumière vive et à l’exercice pendant la journée et sa restriction avant de se coucher. 4. Le contrôle des stimuli et l’établissement d’une association forte entre le lit/la chambre et le sommeil doivent être mis en œuvre : allez au lit uniquement lorsque vous avez sommeil ; établir une routine de sommeil; appliquez la règle des 20 minutes (c’est-à-dire si vous ne pouvez pas s’endormir dans les 20 minutes, se lever et aller dans une autre pièce et faire des activités non stimulantes). 5. Les siestes diurnes de plus de 30 minutes ne devraient pas être systématiquement recommandées, étant donné leurs effets sur la pression du sommeil et le sommeil nocturne et le manque de preuves de résultats à long terme. 6. Les travailleurs postés peuvent avoir besoin d’une approche individualisée pour développer des habitudes veille-sommeil. La surveillance ambulatoire de la pression artérielle doit être envisagée pour le diagnostic et les évaluations de suivi afin d’évaluer les tendances nocturnes de la pression artérielle. 7. Un dépistage des troubles du sommeil (notamment AOS) doit être réalisé en cas d’hypertension résistante, chez les patients présentant une hypertension nocturne et/ou des baisses anormales de la tension artérielle. Le cas échéant, un traitement doit être mis en œuvre, en mettant l’accent sur les changements de mode de vie et l’utilisation de traitements spécifiques (CPAP, appareils bucco-dentaires) pour favoriser de bonnes habitudes de sommeil. 8. Les personnes souffrant de troubles du sommeil connus (ronflement, AOS, insomnie, etc.) doivent subir régulièrement des mesures de tension artérielle. Une surveillance ambulatoire de la pression artérielle doit être envisagée pour évaluer le profil nocturne. |
Fumée |
Recommandations : |
1. Il est fortement recommandé d’arrêter de fumer (y compris la cigarette électronique) pour ses bienfaits reconnus sur la santé. Il est important de mettre en œuvre des stratégies et des approches pour prévenir la prise de poids après avoir arrêté de fumer. 2. Les principales populations cibles sont celles déjà exposées au tabagisme et celles qui ne le sont pas encore, composées en grande partie de jeunes générations. 3.Les techniques de conseil en intervention brève et d’entretien motivationnel dans les centres de santé se sont révélées très efficaces pour arrêter de fumer. |
Exposition à la pollution |
Recommandations : |
1. Faites de l’exercice dans les parcs et jardins, loin des routes très fréquentées. 2. Limitez le temps passé à l’extérieur pendant les périodes de forte pollution. 3. Évitez la combustion inefficace de la biomasse pour le chauffage domestique. 4. Envisagez l’utilisation de systèmes de ventilation par filtration pour les maisons situées dans des zones très polluées. |
Médicaments et suppléments nutritionnels en vente libre |
Recommandations : |
1. L’apport en vitamines, minéraux et micronutriments doit être obtenu dans le cadre d’une alimentation saine, riche en nutriments et équilibrée. 2. Les compléments alimentaires ne remplacent pas une alimentation équilibrée et ne sont pas recommandés comme traitement de l’hypertension. |
Interventions comportementales et santé numérique |
Recommandations : |
1. Les prestataires de soins de santé doivent être formés aux approches de changement de comportement et aux technologies d’assistance numérique pour faciliter l’action et contrôler l’hypertension. 2. Les changements comportementaux doivent être complets et englober l’amélioration et le maintien de l’hygiène bucco-dentaire pour prévenir la parodontite et améliorer le contrôle de la tension artérielle. 3. Utilisation continue d’appareils portables et d’outils numériques validés pour améliorer la sensibilisation aux symptômes, introduire des rappels potentiels (par exemple pour la prise de médicaments ou promouvoir une augmentation de l’exercice occasionnel), aider au changement de comportement (par exemple, établissement d’objectifs, aide à la décision, autosurveillance, qui peut intégrer données portables, systèmes de rappel et d’alerte, support numérique, les agents conversationnels devraient être encouragés pour améliorer l’adhésion, la motivation et l’auto-efficacité des utilisateurs, programmation de personnalisation des interventions). 4. Introduire des technologies de communication pour faciliter l’orientation et la contribution professionnelle ou le soutien social (espaces numériques pour communiquer avec les prestataires de soins ou les pairs, messages SMS) en tant qu’intervention numérique autonome ou intégrée dans une intervention à plusieurs composantes. |
Approche holistique |
Recommandations : |
1. Mise en œuvre de soins complets aux patients, comme en témoignent l’Amérique latine, le Canada et certains pays africains, pour fournir un traitement et une prise en charge optimaux de la tension artérielle. 2. Améliorer l’accès au diagnostic, au traitement et à la prise en charge de la tension artérielle dans les zones régionales et rurales. |
Aperçu et regard sur l’avenir des interventions d’assistance au mode de vie |
Ce document présente des recommandations qui soutiennent un mode de vie sain pour contrôler et maintenir une tension artérielle adéquate : plus d’exercice, moins de sel, de sucre et de graisses saturées dans l’alimentation, plus de fruits, de légumes et de fibres alimentaires, ne pas fumer ni alcool.
De nouvelles preuves de modalités plus récentes ont également été présentées et le potentiel d’une utilisation accrue des technologies numériques pour aider à améliorer les habitudes de vie de manière personnalisée a été discuté. En fait, il existe de nombreuses « applications » pour téléphones mobiles qui peuvent être utilisées pour suivre les mouvements, l’alimentation et les habitudes. Ces technologies peuvent être utilisées pour surveiller le poids, évaluer la composition des repas et la teneur en calories.
Il est important de noter que les données étayant bon nombre de ces interventions révolutionnaires sont rares et que des études plus vastes sont essentielles pour évaluer leur efficacité.